L'ÉLEVAGE OVIN BIO

S’installer en élevage ovin est un projet que beaucoup de futurs agriculteurs envisagent. Avant de se lancer, il faut prendre en compte les spécificités de cet élevage ainsi que les spécificités du bio. C’est l’objet de cette fiche pratique !

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Une production agricole dynamique

En novembre 2019, la France comptait 5,4 millions de brebis. 65 360 élevages en France sont détenteurs d’au moins 1 ovin et 18 360 de ces élevages sont détenteurs de plus de 50 brebis. 68% des élevages sont des élevages allaitants contre 32% d’élevages laitiers.
L’Occitanie et la nouvelle Aquitaine sont les deux principales régions de brebis laitières, et pour les brebis allaitantes il s’agit de la Nouvelle Aquitaine, de l’Occitanie, de l’Auvergne-Rhône-Alpes et de la Provence-Alpes-Côtes-d’Azur.

Sur la période 2018-2019, la consommation de fromage au lait de brebis a augmenté de 13,3 % et celle de fromage frais au lait de brebis de 20% !

Se former au métier d’éleveur ovin

Même si un diplôme agricole n’est pas obligatoire pour devenir éleveur de brebis, il est vivement conseillé d’en passer un. Au delà des savoirs acquis, il vous sera plus facile de vous installer, notamment lors de votre demande d’autorisation d’exploiter ainsi que pour percevoir les aides à l’installation (voir la fiche “Les aides à l’installation et subventions” ).

En formation adulte notamment, le passage d’un BPA (Brevet Professionnel Agricole) vous permettra d’obtenir cette capacité agricole (plus d’informations sur la capacité agricole ici). Néanmoins, il reste très généraliste. Des CS (certificat de spécialisation) axés sur l’élevage ovin existent mais sont à envisager en complément, car seuls ils ne permettent pas d’obtenir la capacité agricole. Vous pouvez trouver ici les établissements délivrant un CS conduite d’un élevage ovin.

Si vous souhaitez transformer votre lait, il est impératif de suivre une formation complémentaire en transformation fromagère. Elle peut se faire dans le cadre d’une spécialisation de BPREA ou d’un CS supplémentaire. Vous pouvez trouver ici les CS disponibles. Des formations plus courtes sont envisageables, vous pouvez dans ce cas vous rapprocher de Pôle Emploi.

Quelle que soit votre formation, la réalisation de stages est impérative avant de vous lancer afin d’acquérir le savoir-faire nécessaire à cette activité.

Le cahier des charges bio

S’engager dans le bio impose des contraintes liées au cahier des charges à respecter. Ce cahier des charges porte sur de nombreux items, que ce soit pour la surface de bâtiment, l’autonomie alimentaire ou les soins.

Les conditions de logements sont de 1,5 m² minimum par tête (0,35m2 par agneau) et une aire d’exercice de 2,5 m² par tête (0,5 m2 par agneau). L’élevage hors sol est interdit. Votre bâtiment doit permettre un accès au pâturage toute l’année, si les conditions climatiques et l’état du sol le permettent. Pour éviter les phénomènes de surpâturage et les problèmes liés aux effluents, le cahier des charges bio limite le nombre de brebis à 13/ha.

En ce qui concerne l’alimentation, celle-ci doit être bio et doit être au minimum produite à 60% sur la ferme. La ration doit être composée de 60% de fourrage minimum. Se pose donc la question de pouvoir implanter des cultures sur la ferme, notamment des céréales. Cela nécessite du matériel ou de faire appel à un prestataire de service pour les interventions techniques (semis, récolte…).

Le pâturage est une obligation de la réglementation bio. Par ailleurs, la bonne gestion du pâturage est primordiale en bio pour concevoir une bonne rentabilité du système ; l’herbe pâturée reste le fourrage le plus économique. Les concentrés sont coûteux à l’achat, c’est pourquoi il vaut mieux produire le plus de valeur alimentaire avec des fourrages. Il faut compter en moyenne 1 000 m2 par brebis. Ne réduisez pas trop la surface pour chaque brebis, vous éviterez ainsi les risques d’infestation parasitaire. Une trop petite surface se transformera vite l’été en une surface poussiéreuse et inversement en hiver en un bourbier.

Saisonnalité des brebis

Que se soit en système laitier ou allaitant, la saisonnalité est, comme chez les chèvres, un facteur important. Naturellement, les brebis ne sont pas fécondes une partie de l’année. La mélatonine, hormone sécrétée par les brebis durant la nuit, leur permet de mesurer la durée du jour. On parle de photopériodisme. Lorsque les jours deviennent plus courts en automne, le cycle ovulaire se met en route et la brebis peut être fécondée. Cette périodicité implique donc des mois sans production laitière. En circuit court, cela permet d’avoir une offre présente toute l’année (dans l’hypothèse d’un troupeau divisé en deux avec une partie désaisonnée et l’autre non), et en circuit long de profiter de prix plus rémunérateurs.

La production d’hormone permettant aux brebis d’être fécondées est directement liée à la durée du jour. Comme chez les chèvres, une des manières de désaisonner les brebis est de les tromper. 80 jours durant, les brebis sont exposées à la lumière 17 heures/jour afin de simuler l’été. Ainsi, elles produiront du lait en hiver après une mise bat en septembre.

Elaborer son système de production

Le cahier des charges bio impose en premier lieu un minimum d’autonomie alimentaire : 50% de l’alimentation doit être produite sur la ferme, ce qui implique des surfaces en foin ou céréales. Cela nécessite du matériel ou de faire appel à un prestataire de service pour les interventions techniques (semis, récolte…).

L’élevage ovin français s’articule autour de 2 filières :

  • la viande qui concerne 90% des exploitations. On compte 2169 élevages d’ovins viande engagés en bio en 2019 qui représentent un peu plus de 238 000 brebis allaitantes, soit 7 % du cheptel français.

  • le lait qui concerne 10% des exploitations, essentiellement présentes dans le rayon de Roquefort (Aveyron, Lozère, Tarn), les Pyrénées Atlantiques et la Corse

Les brebis ont un gros rendement laitier par rapport à leur poids corporel et à leur consommation de fourrages, les besoins en surfaces et en capitaux sont inférieurs à ceux nécessaires pour les vaches laitières. Il est en outre très facile de transformer les stabulations bovines existantes. Vu que les brebis mettent bas une fois par année et que les naissances gémellaires sont fréquentes, il est possible de se constituer son propre troupeau en quelques années seulement.

La main d’œuvre nécessaire est d’environ 22 heures par brebis et par année (sans tenir compte du travail pour la production des fourrages).

Avant de s’installer en élevage de brebis, il faut choisir si l’on veut mettre en place en système livreur (la marge dégagée dépendra surtout du volume) ou un système transformateur (moins de volumes sont nécessaires).

Le système livreur

Le système livreur vise à écouler sa production de lait via une laiterie qui s’occupe de la distribution / transformation. Passer par la filière longue vous permet de vous concentrer sur la production. Néanmoins, vous êtes soumis aux aléas du marché, votre prix de vente peut varier.

La première chose à faire avant de se lancer est de s’assurer qu’une laiterie est présente dans le secteur et est capable d’organiser une collecte pour vous. Voir paragraphe “Quels interlocuteurs ?”

Les élevages tournés vers la livraison de lait comptent en moyenne 220 brebis (bio et conventionnels).

Le système transformateur

Le système transformateur vise à transformer le lait de brebis en produits dérivés : fromages, yaourts, etc. La transformation du lait est une pratique très répandue chez les éleveurs ovins. Cette pratique nécessite évidemment un laboratoire de transformation et des compétences spécifiques. Si vous vous occupez aussi de la vente, vous aurez plus de visibilité sur la demande du consommateur, sur vos prix et donc sur votre rentabilité.

Les élevages tournés vers la transformation comptent en moyenne 100 brebis (bio et conventionnels).

En système transformateur, on peut espérer une valorisation de 2€/L.

Comparons rapidement ces deux modèles :

Transformation

Collecte

Les +

Valeur ajoutée/Litre de lait

Prix fixe via contrat

Les –

Charge de travail importante, encore plus en cas de vente directe

Investissement dans un atelier de transformation

Pas de relation avec le client final

Nécessite d’être dans une zone de collecte

Partage de la valeur ajoutée avec la laiterie

Trouver une ferme pour son élevage de brebis bio

De plus en plus d’agriculteurs ont envie de se lancer dans l’élevage de brebis. Cependant, le rachat d’une ferme ovine en reprise à l’identique peut s’avérer complexe car il y a peu d’exploitations à reprendre, et plus de demande que d’offres.

Dès lors, un des moyens les plus simples et moins couteux pour s’installer en élevage de brebis est de réhabiliter des bâtiments agricoles qui servaient à d’autres activités (ancienne stabulation pour vaches en aire paillée, hangars à fermer, bâtiment volailles, etc.). C’est une modalité que nous traitons souvent au sein d’eloi, en redimensionnant des fermes en bovin pour les adapter à du petit élevage, avec un poids de bâtiments et un foncier adapté à chaque projet.

Découvrez ici nos propositions d’ateliers d’élevage pour petits ruminants.

Choisir ses débouchés

En bio, un éleveur sur cinq a choisit les circuits courts comme débouché pour ses agneaux. Cela nécessite néanmoins un laboratoire de découpe / conditionnement et de s’assurer de débouchés BtoC. Si vous vous occupez aussi de la vente, vous aurez plus de visibilité sur la demande du consommateur, sur vos prix et donc sur votre rentabilité. Créer un débouché BtoC demande beaucoup de savoir-faire, attention à ne pas vous éparpiller entre la production et la vente !

En ce qui concerne le lait, la grande majorité est transformée, souvent en filière longue (Roquefort…). Des prix rémunérateurs ne poussent pas forcément à transformer soit même son lait.

Qui sont mes interlocuteurs ?

L’interprofession agricole est présente pour vous accompagner à chaque étape de votre projet !

Vous pouvez notamment :

  • Vous rapprocher des conseillers RDI (Répertoire Départ Installation) de la chambre d’agriculture de votre région pour connaitre les potentielles fermes à céder.

  • Vous rapprocher des conseillers ovins de la chambre d’agriculture de votre région.

  • Vous rapprocher du GAB (Groupement des Agriculteurs Bio) de votre région qui a l’habitude d’accompagner à l’installation.

  • Prendre contact avec des laiteries pour analyser les débouchées en circuit long (Triballat, Terra Lacta, etc.).

  • Eloi, pour vous proposer la ferme la plus adaptée à votre projet !

Si cette fiche vous a été utile, n’hésitez pas à la partager et à laisser un commentaire ! Bonne installation !

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