Retraite agricole : tout savoir pour 2025 et après

La retraite agricole est un sujet central pour les chefs d’exploitation, les conjoints collaborateurs et les aides familiaux. Entre les conditions d’âge, les montants des pensions, la revalorisation prévue par la loi Chassaigne et les démarches auprès de la MSA, il est parfois difficile d’y voir clair. Cet article complet vous aide à tout savoir pour mieux appréhender cette période de grand changement dans votre vie.

Comment estimer mes revenus à la retraite agricole ?

Avant toute chose, il est essentiel d’évaluer le montant de votre future pension :

La MSA (Mutualité Sociale Agricole) met à disposition un simulateur en ligne permettant de calculer vos droits à partir de votre carrière, de vos cotisations sociales et du nombre de trimestres validés.

Vous pouvez également utiliser le simulateur Info-Retraite ou d’autres calculateurs officiels pour comparer les régimes et obtenir une estimation globale.

À quel âge peut-on partir à la retraite agricole ?

Comme tous les travailleurs, les exploitants agricoles dépendent de l’âge légal de départ fixé par la loi.

• L’âge légal est actuellement entre 62 et 64 ans (progressifs) pour celles et ceux nés avant 1968 et 64 ans pour celles et ceux nés en 1968 ou après. Il est cependant fréquent pour les agriculteurs d’avoir commencé à travailler entre 16 et 21 ans. Si c’est votre cas,  vous êtes considéré comme carrière longue et pouvez anticiper votre retraite pour chaque année travaillé avant 21 ans.
• Pour obtenir une retraite à taux plein, il faut avoir validé un nombre minimum de 172 trimestres, soit 43 ans, pour ceux nés en 1965 ou après.
• Dans certains cas, il est possible de partir plus tôt, mais sous certaines conditions.

Retraite anticipée : est-ce possible pour les agriculteurs ?

Les agriculteurs peuvent bénéficier d’une retraite anticipée pour carrière longue, s’ils ont commencé à travailler jeunes et justifient d’un certain nombre de trimestres cotisés. Les situations d’invalidité peuvent également ouvrir un droit à un départ anticipé.
Concernant la reconnaissance de la pénibilité pour les métiers de la production agricole, ce n’est pas automatique. Elle vous permet d’obtenir des points convertibles en départ anticipé (jusqu’à 2 ans), en temps partiel compensé ou en formation. Mais ce n’est possible que sous certaines modalités, en faisant reconnaître vos conditions de travail à la MSA ou à la médecine du travail agricole (c’est à l’employeur de le faire pour ses employés ou, dans le cadre d’un chef d’exploitation, pour lui-même). Voici les critères qui peuvent être pris en compte :

• travail de nuit (ex. élevage laitier avec traite tôt/soir)
• travail répétitif (ex. cueillette, maraîchage intensif)
• exposition au froid ou au chaud (travail sous serre, en plein champ l’été ou l’hiver)
• bruit (machines agricoles)

Concernant les carrières longues, voici le résumé des âges légaux de départ pour ceux nés en 1973 ou après :

• 16 ans → 58 ans
• 17 ans → 59 ans
• 18 ans → 60 ans
• 19 ans → 61 ans
• 20 ans → 62 ans
• 21 ans → 63 ans
• 22 ans ou plus → 64 ans

Retraite agricole : quelle différence entre l’âge légal et l’âge du taux plein ?

L’âge légal correspond au moment où vous pouvez demander votre retraite (indiqué au dessus).

L’âge du taux plein correspond à l’âge où vous pouvez partir sans décote, même si vous n’avez pas tous vos trimestres (généralement 67 ans mais réductible avec les pénibilités et les carrières longues).

Quels sont les montants des retraites agricoles ?

Les revenus de retraite des agriculteurs reposent sur la pension de base (calculée sur les cotisations sociales) et la retraite complémentaire obligatoire (RCO),et, dans certains cas, des aides sociales comme l’ASPA (allocation de solidarité aux personnes âgées)

Retraite minimale : 1 000 € ou 1 200 € ?

Depuis les récentes réformes, le minimum de pension agricole a été relevé :

L’objectif affiché à l’époque (mais remis en cause plusieurs fois depuis par les divers plans gouvernementaux successifs) : atteindre 1 200 € pour une carrière complète, conformément à la loi Chassaigne. Elle évolue avec le SMIC net agricole pour valoir 85% de sa valeur (1200 € par mois au 1er janvier 2025).

En pratique, de nombreux retraités agricoles perçoivent encore autour de 1 000 €, mais la revalorisation progressive se poursuit.

Comment augmenter sa pension agricole ?

Quelques solutions existent pour améliorer sa retraite :

• Valider tous ses trimestres (cotisations régulières, périodes assimilées).
• Racheter des trimestres pour combler des périodes manquantes.
• Faire valoir tous ses droits sur les carrières longues et les pénibilités afin de gagner des trimestres.

Régimes et organismes concernés : MSA, CAF, Carsat et régime général

La retraite agricole dépend principalement de la MSA, mais d’autres organismes peuvent intervenir.

Quelle différence entre la MSA et la Carsat ?

La MSA gère la retraite des exploitants agricoles et des salariés agricoles.
La Carsat (Caisse d’assurance retraite) gère les pensions du régime général (salariés non agricoles).

Cumul emploi-retraite avec la MSA

Il est possible de cumuler retraite agricole et emploi salarié, selon les cas. Si vous décidez de prendre votre retraite agricole (que vous soyez employé ou exploitant), vous pouvez recevoir une pension de la MSA. Si vous avez tous vos trimestres de validés, vous pourrez toucher toutes votre pension en plus du salaire de votre nouvel emploi. Si vous n’avez pas validé tous vos trimestres à la MSA, la pension sera comme un complément de salaire jusqu’à un certain montant dépendant de votre ancienne activité. De plus, vous pourrez cumuler des trimestres de retraite CARSAT grâce à votre nouvel emploi et cumuler les pensions retraites MSA et CARSAT au final.

Revalorisation des retraites agricoles en 2025 et 2026

La loi Chassaigne a permis une revalorisation progressive des petites retraites agricoles. En 2025, de nouvelles mesures doivent encore améliorer le niveau des pensions. En 2026, une nouvelle étape de revalorisation est attendue, notamment pour les conjoints collaborateurs.

Préparer sa retraite quand on est agriculteur

Au-delà de la pension, préparer sa retraite agricole, c’est aussi organiser l’avenir de son exploitation.

Quand entamer les démarches pour vendre sa ferme ?

Il est recommandé de s’y prendre 5 à 10 ans avant la retraite pour préparer la transmission, identifier un repreneur et sécuriser la vente de votre exploitation.

Que faire de mes animaux lors du départ en retraite ?

Si vous êtes éleveur ou éleveuse, vous vous êtes sans doute déjà posé la question. 3 options principales s’offrent à vous : 

• Transmettre le cheptel à un repreneur. Cela peut constituer le meilleur scénario, vos bêtes étant reprises par la personne qui vous succèdera sur votre exploitation.
• Cependant, certains repreneurs possèdent déjà leur propre cheptel, ou peuvent vouloir développer une autre activité sur votre ferme. Dans ce cas, vous pouvez vendre progressivement les animaux pour alléger la gestion dans vos dernières années d’activité.
• Il est aussi possible que votre exploitation soit adaptée à des cycle renouvellement complet du cheptel, comme dans l’aviculture. Il vous sera facile de vous organiser pour transmettre la ferme entre deux cycles.

Comment trouver un repreneur ?

Les reprises dans le cadre familial ne sont plus nécessairement la norme. Si c’est votre cas, différentes options s’offrent à vous pour identifier votre repreneur : 

• Contacter la Safer 
• Contacter des plateformes spécialisées comme Eloi, qui pourront faire le diagnostic de votre exploitation puis publier une annonce
• Contacter la chambre d’agriculture

Quelles alternatives si aucun repreneur n’est trouvé?

La mise en fermage avec la location à un exploitant ou se tourner vers des non agriculteurs peuvent être des alternatives.

Louer sa ferme : avantages et inconvénients

• Avantage : Permet de conserver un revenu complémentaire constant comparé à la vente
• Risques associés : Moins de valorisation du capital et dépendance au locataire, cela peut multiplier le temps de recherches au fil des années si plusieurs locataires différents s’enchaînent.
• Inconvénients : Les revenus du fermage seront déduits de l’ASPA (minimum vieillesse). S’ils ne sont pas assez élevés, le fermage ne vous permettra pas d’augmenter vos revenus. La vente, elle, n’est pas déduite de l’ASPA, donc est plus optimale si le fermage n’est pas élevé. Dans le cas d’un couple dont la somme des deux retraites de base sont à 1300€ par mois, un fermage en dessous de 305,73€ par mois apporterait la somme à 1605,73 (égal au montant du minimum vieillesse pour deux personnes), le fermage est inutile et la vente des terres est bien plus intéressantes car le revenu du fermage serait de toute façon comblé par le minimum vieillesse.

Comment bénéficier de la retraite agricole ?

Les démarches passent obligatoirement par la MSA. Il faut faire une demande en ligne via votre espace MSA dans les 6 mois avant votre départ à la retraite en remplissant le formulaire sur le site de la MSA selon votre situation.

Cas particuliers et questions fréquentes

Retraite agricole si je n’ai jamais été déclaré comme salarié

Sans cotisations, il n’y a pas de pension agricole. Toutefois, il est possible de demander l’ASPA (minimum vieillesse) sous conditions de ressources. L’ASPA complète les revenus. Pour une personne seule, ses revenus seront complétés pour atteindre 1034,28€ par mois. Dans le cas d’un couple, les revenus du couple seront complétés pour atteindre 1605,73€ par mois. Dans le cas typique d’un couple avec un exploitant qui a cotisé et un conjoint n’a jamais cotisé, l’exploitant toucherait 1200€ de retraite par mois et le revenu serait complété de 405,73€ pour atteindre les 1605,73€ du minimum vieillesse.

Droits à la retraite des conjoints collaborateurs et aides familiaux

Depuis les récentes réformes, les conjoints collaborateurs (donc déclarés en tant que tel à la MSA) bénéficient désormais de droits propres, bien que les pensions restent modestes. Souvent, cette retraite est si faible que les conjoints collaborateurs bénéficient de l’ASPA (minimum vieillesse) pour compléter leur revenu.

Comment bénéficier des aides sociales en complément de la retraite agricole ?

En cas de faibles revenus, il est possible de demander :

• l’ASPA (minimum vieillesse)
• des allocations logement via la CAF
• ou d’autres dispositifs locaux d’aide aux retraités (les conseils départementaux peuvent mettre en place des fonds supplémentaires afin d’aider les retraités)

Conclusion : Comment maximiser ses revenus pour la retraite :

Bien souvent aujourd’hui, les agriculteurs et agricultrices peinent à subvenir à leur besoin avec leur retraite agricole. Pour maximiser ses revenus, il est important de faire reconnaître tous les droits auxquels il est possible d’avoir accès (pénibilités ou carrière longue) et d’optimiser le moment de votre départ à la retraite pour toucher le meilleur montant. Malgré tout, la retraite peut être une situation de précarité, le plus important est donc d’anticiper pour vendre son exploitation dans les meilleures conditions et trouver le repreneur qui fera perdurer votre activité.

Source :  
– MSA
– CARSAT (divers site pour chaque région)
– Loi Chassaigne

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